La province d'Almeria illustre tous les paradoxes de l'Andalousie: la plus sèche et pourtant la plus productive (modèle agricole non soutenable, est-il besoin de le préciser?), l'une des plus pauvres socialement et pourtant l'une des plus riches économiquement, marginale et pourtant centrale dans l'histoire et la culture de l'Andalousie. L'indalo est l'emblème d'Almeria. Un symbole local et pourtant régional...
Si vous allez dans la province d'Almeria pour vos vacances, vous êtes pratiquement sûr(e)s de ramener un indalo dans vos bagages. Il vous faudra une grande force d'âme pour résister à la tentation d'acheter un porte-clé, une céramique, un sac ou un objet artisanal (fabriqué en série évidemment) portant ce petit bonhomme au parapluie intégré (ou parachute?). Mais ce petit dessin basique a des milliers d'années et cela montre bien que les choses simples sont destinées à durer.
La Cueva de los Letreros et l'indalo furent découverts en 1868 par l'almeriense Manuel de Gongora y Martinez, à Vélez-Blanco, à la limite nord de la province d'Almeria. L'ensemble fut déclaré Monument Historique National en 1924 et promu Patrimoine Mondial de l'Humanité plus tard. Ce symbole était pourtant connu et transmis dans le nord et l'est de la province où il représentait une protection contre les tempêtes et le mauvais oeil (el mal de ojo), surtout dans le village de Mojacar. Par ailleurs, il paraît qu'on rencontre ce symbole hors d'Espagne, comme dans le temple de Ramsès II à Abydos (pas vérifié). L'indalo de Vélez-Blanco correspond à une peinture rupestre du néolithique dessinée il y a environ 4500 ans.
L'indalo soutient le ciel. Inda est la racine ibérique (des anciens Ibères) signifiant "puissant, fort". Indal était pour les Ibères le "Seigneur par excellence". On retrouve la même racine dans le nom du saint patron d'Almeria, Indalecio. Il s'agit, d'après la légende, d'un juif cordouan qui se trouvait à Jérusalem dans l'entourage de Saint Pierre et qui aurait accompagné Saint Jacques pour évangéliser l'Espagne avec six autres compagnons. Les sept "varones apostolicos" (varon = homme accompli) sont considérés comme les évangélisateurs de l'Espagne. Saint Indalecio était évêque d'Urci, sur le littoral almeriense, probablement non loin de Mojacar. On suppose que son nom Indalecio est un mélange de l'ibère Indal (Dieu) et du latin Eccius (envoyé, messager).
Le mouvement indaliano est un mouvement artistique et culturel de la province d'Almeria groupé autour du peintre et sculpteur almeriense Jesus de Perceval entre 1943 et 1963. Outre la dynamisation de l'Almeria d'après-guerre (civile), le mouvement indaliano s'est occupé de faire revivre le village de Mojacar qui était considéré comme mort durant la guerre. Ce mouvement a grandement contribué à faire revivre le village et à le promouvoir touristiquement. Il est devenu une résidence d'été pour les élites espagnoles puis internationales dans les années 1970. La renaissance de Mojacar est donc liée au tourisme, motivé autant par l'économie que par la culture, chose rare dans les années 1970. Le symbole de l'indalo est devenu celui de la province d'Almeria et a même été adopté par certains Andalous. A Séville par exemple, j'ai pu l'apercevoir à la pension Vergara (la moins chère de la ville je crois) et le réceptionniste m'avait dit que l'on considère aujourd'hui ce symbole comme un emblème régional.
Jesus de Perceval et le mouvement indaliano
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